L’ANTIJUDAÏSME THÉOLOGIQUE DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE
« Le peuple hébreu choisi autrefois pour être participant des Célestes Mystères,
autant fut-il élevé en dignité et en grâce au-dessus de tous les autres,
autant par la faute de son incrédulité, fut ensuite abaissé et humilié
lorsque vint la plénitude des temps,
réprouvé comme perfide et ingrat, après avoir, d’une façon indigne,
ôté la vie à son Rédempteur. »
(Saint Pie V)
Aperçus sur la « Question Juive »
ou pourquoi l’Eglise est à présent « l’Israël spirituel » authentique
Dans l’histoire du monde, il y a un avant et un après le drame prodigieux du Golgotha. Tel est l’élément, non anodin s’il en est, qui échappe totalement à ceux qui tentent de penser la « Question Juive » soit à l’aune de la nouvelle religion de l’holocauste qui s’est même invitée de façon indélicate et surprenante, souhaitant s’imposer sur des sujets d’ordre canonique, à l’occasion de la levée de l’excommunication par Benoît XVI des évêques consacrés par Mgr Lefebvre en 1988, ou à celle des imprécises et faiblement pertinentes données géopolitiques et militaires de nos temps ténébreux, imaginant, sans plus d’examen superflu dans de surprenants discours témoignant d’une immense confusion justifiant le sionisme plus que ne pourrait le faire n’importe quel rabbin kibboutznik, que le don fait à Moïse par l’Eternel de la terre promise perdure sans aucun changement après la venue du Christ en ce monde, ce qui est totalement absurde, oubliant par là même, dramatiquement, que l’actuel judaïsme rabbinique synagogal et talmudique, infidèle à sa vocation spirituelle par son rejet du Messie, n’a strictement plus rien à voir, et ce de manière impressionnante, avec le judaïsme biblique. Voilà l’oubli radical de certains esprits qui souhaitent aborder, dans un babillage affligeant qui conjugue souvent jusqu’à l’écoeurement la pénible bêtise et la grossière stupidité, la « Question Juive », en évacuant purement et simplement la place de Jésus-Christ au sein de l’Histoire, se rendant ainsi absolument incapables de penser en chrétiens, et qui donc, conséquemment, rejoignent dans leurs positions impies et scandaleuses, consciemment ou inconsciemment, les pires ennemis du Christ et de son Eglise.
La substitution de l’Église (Verus Israël), à la Synagogue
Afin de pouvoir penser « chrétiennement » cette « Question Juive », Mgr Charles Journet (1891-1975) consacra au «Mystère d’Israël» une longue méditation, bien plus cohérente que les thèses défendues par Jacques Maritain (1882-1973) qui, disciple d’Aristote et saint Thomas, se voulait également, dans une impossible équation, celui de Léon Bloy, longue méditation donc, écrite à la lumière du pamphlet mi-littéraire, mi-prophétique, et surtout profondément hérétique et gnostique sur le plan trinitaire soutenant une thèse pneumatologique singulièrement déviée du dit Léon Bloy, le Salut par les Juifs , supposant de façon abominable une divinisation de Satan, dont on peut d’ailleurs constater dans ce cas frappant l’incroyable puissance séductrice, par son identification au Paraclet, thèse dont on a d’ailleurs pu vérifier depuis sa publication les puissants ravages qu’elle produit invariablement sur les esprits faibles et les bavards ignorantins absolument incultes sur le plan théologique [1].
Prophète luciférien professant un philosémitisme gnostique,
Léon Bloy livra le secret de son hérésie pneumatologique dans le Salut par les Juifs :
« Il [le Paraclet] est tellement l’identique de ce Lucifer qui fut nommé Prince des Ténèbres, qu’il est à peu près impossible
– fût-ce dans l’extase béatifique – de les séparer… »
(Le Salut XXXIII)
On se penchera donc, pour aborder cette question juive, de préférence sur la réflexion de Mgr Charles Journet, infiniment plus sérieux que Léon Bloy ou Jacques Maritain sur le plan doctrinal, qui tenta d’initier une interrogation chrétienne d’Israël, en se fondant sur l’enseignement traditionnel de l’Église, Eglise qui ne craignait pas alors d’évoquer à juste titre, c’est-à-dire avant le funeste Concile Vatican II et les délirantes déclarations de Nostra Aetate – qui vont jusqu’à soutenir que les juifs qui ne croient pas en Jésus sont inclus également dans le plan du Salut -, la substitution de l’Église à la Synagogue, Synagogue talmudique que l’Apocalypse de st Jean appelle à deux reprises Synagogue de Satan et qui fut rejetée par Dieu (Apocalypse. 2, 9 ; 3, 9) en raison de son infidélité, et répudiée au profit de l’Eglise (Jésus dit aux pharisiens qui niaient sa divinité, c’est-à-dire au judaïsme rabbinique et postbiblique antichrétien [2], que leur père selon la génération charnelle était certes Abraham, mais que selon l’esprit c’était le diable (Jean VIII, 31-47), thème repris et développé par saint Jean Chrysostome, Commentaire sur l’Évangile selon St Jean, Homélie LIV, 1, Saint Augustin, Commentaire sur Jean, Discours XLII, 1, et saint Thomas D’Aquin, Commentaire sur St Jean, VIII, Lectio IV, 1201.
Charles Journet déclare donc solennellement dans son ouvrage :
– « Nous voudrions adresser aux juifs un rappel. Quand ils rendent l’Église responsable, pour les avoir accusés devant l’histoire de déicide, de leurs immenses malheurs, ils oublient que Dieu, que Iahvé lui-même, en les choisissant comme unique peuple messianique et théophore, devait les rendre odieux et les désigner à l’hostilité du monde et des peuples païens, longtemps avant l’Incarnation, longtemps avant le déicide. […] Le déicide est venu. Il a empêché les juifs, qui en furent l’instrument, de passer de l’état de nation messianique à l’état d’Église messianique, de l’état provisoire de nation théophore à l’état définitif de royaume de Dieu supranational. Il n’a pas fait que la main de Dieu cessât de reposer sur eux. Il a fait qu’elle ne s’y repose plus comme autrefois, et qu’elle ne s’y repose pas non plus comme dans l’Église, désormais seule messianique et seule théophore, elle aussi persécutée, par le monde et parfois par eux. » (Ch. Journet, Destinées d’Israël. À propos du Salut par les Juifs, Paris, 1945, pp. 199-201.)
I. Responsabilité du judaïsme pharisaïque dans la mort du Christ
Ces lignes, dont la grande pertinence nous permet de mieux cerner le sens de la terrible situation en ce monde du peuple qui demanda que l’on crucifie le Messie, ont le mérite de montrer clairement le sens des conditions mêmes dans lesquelles se trouvent placés les Juifs depuis le Golgotha, et la raison du châtiment qu’ils subirent collectivement, consécutivement à l’ignominieux traitement infligé au Christ sur le Calvaire. Rappelons que pour tous les Pères de l’Église, unanimement (de st Ignace d’Antioche † 107 à st Augustin † 430, en passant par st Justin † 163, st Irénée† 200, Tertullien † 240, st Hyppolite de Rome † 237, st Cyprien 258, Lactance † 300, st Athanase † 373, st Hilaire de Poitiers † 387,st Grégoire de Nazianze † 389, st Ambroise de Milan † 397, st Cyrille d’Alexandrie † 444), ce qui porte la responsabilité de la mort de Jésus est bien le judaïsme pharisaïque talmudique par le truchement de ses “fidèles”. Dans la mort du Christ, c’est donc la communauté religieuse d’Israël post-biblique qui est impliquée (hormis un “petit reste” qui fut fidèle au Christ : les Apôtres, les Disciples, etc.), la majeure partie du peuple ayant prit une part active à la condamnation de Jésus [3].
« Nous, nous avons une Loi, et d’après cette Loi, Il doit mourir ! »
(Jean, XIX, 7)
Il faut, dès lors, comprendre que le peuple juif était, effectivement, un peuple théologique, le peuple théologique par excellence que Dieu s’était créé pour Lui, il se devait de devenir une race salvatrice dans le Christ. Ainsi, tout ce qu’on pourra dire au sujet des juifs restera bien court devant la grandeur de ce peuple qui nous a donné le Christ. Mais le Christ ne se réduit pas à son origine juive, comme certains littérateurs contemporains maladroits voudraient le laisser supposer, incapables de voir plus loin que leur minuscule et médiocre horizon charnel [4]. Le Christ, qui se fit homme, était d’une grandeur qui surpassait infiniment l’humaine condition. Le Christ était Divin, le Christ était le Fils Unique du Père, la Splendeur rendue visible de la Substance Divine. Aussi le peuple juif, soutien généalogique de grandeurs qui surpassaient sa propre valeur, aurait dû s’abîmer dans sa propre petitesse à cause des grandeurs qu’il portait. Mais au contraire une partie d’Israël fut mordue par l’orgueil. Insensée, elle se crut plus grande que les autres peuples, que toutes les autres races, et surtout plus grande que le Christ. Elle se crut supérieure à tous et éleva autour d’elle une enceinte pour ne pas se contaminer à l’infériorité des autres ; et elle a travaillé pour les dominer et, finalement, par son rejet criminel du Messie, s’est retrouvée soumise aux nations car, comme pour Esaü et Jacob (Genèse 27 30-41), l’aîné a été soumis au cadet [5].
« Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations
jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis»
(Luc XXI, 24)
II. Les Juifs talmudiques et la Synagogue zélés serviteurs du mystère d’iniquité
La destruction du second Temple par Titus en 70 et la défaite de Bar Kocheba en 135 qui participaient des châtiments annoncés par les prophéties, constituèrent pour le judaïsme une catastrophe aussi importante que la destruction du premier Temple en – 586 av. Jésus-Christ. Le peuple juif, dont le chandelier sacré du Temple fut exhibé triomphalement à Rome, perdit ainsi son identité politique et sa référence religieuse. C’est dans ces circonstances qu’apparut le mouvement rabbinique talmudique. Les rabbins, héritiers des pharisiens, prirent définitivement autorité sur la vie communautaire et spirituelle. En attendant que Dieu accordât la rédemption messianique à tout Israël, la Torah — l’étude et l’observation de ses commandements — devait tenir lieu de Temple. Certains rabbins affirmèrent que, si tous les juifs se conformaient à la Torah, le Messie serait obligé de venir. Institutionnellement, la Synagogue et la maison d’étude rabbinique, remplacèrent donc le Temple détruit. Dès lors, les Juifs qui furent longtemps les dépositaires du mystère de fidélité, après la mise à mort du Christ ce convertirent, en se basant sur une conception judaïque talmudique dévoyée que les pontifes romains considérèrent comme une manifestation de la permanente « perfidie » juive, en zélés serviteurs du mystère d’iniquité n’acceptant pas la substitution sacerdotale de leur élection à l’Eglise qui devenait, après eux, le véritable Israël. Joseph de Maistre (1753-1821), qui réfléchira à la signification à la rigueur du châtiment infligé à Israël et s’interrogera sur la dureté de l’exil imposé aux hébreux depuis la mort de Jésus, exprime fort bien l’une des raisons de cette situation : « Dieu vous a dispersés parmi les nations […] ; afin que vous leur appreniez qu’il est le seul Dieu et le seul tout-puissant. » (Soirées de Saint-Pétersbourg, IXe Entretien.)
« On ordonne d’écrire toutes les sages et utiles promulgations et provisions des évêques (…)
pour préserver complètement la vie catholique de leurs troupeaux
de la contamination par la perfidie juive. »
(Benoît XIV, 1751)
A d’autres qu’aux hébreux, furent donc accordées les bénédictions de la Promesse. Et ces autres-là, c’est, ceux Juifs et Gentils – Juifs d’abord et Gentils ensuite – qui forment l’Eglise de Jésus-Christ. L’Eglise de Jésus-Christ est le vrai Isaac, le vrai Jacob, et le vrai Abel. Le Christ a été le sanctificateur des Juifs et des Gentils pour former une création nouvelle, l’Eglise de Jésus-Christ, qui adore le Père en Esprit et en Vérité. (Jean, IV). Dès le jour de la Pentecôte (Actes II,1), il y eut formation et constitution sur la terre d’un nouveau peuple de Dieu : l’Église, «car nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Corinthiens 12,13). De sorte, sachant que saint Augustin, saint Irénée, saint Thomas, saint Bonaventure, Cajetan, Bellarmin, Baronius, saint François de Sales et presque tous les pères et théologiens partagent cet avis : « Jésus-Christ, a pris l’ancienne Eglise et l’a mise dans la nouvelle ; il a pris la Synagogue, et lui a substitué l’Eglise. Les Juifs qui ont été depuis Jésus-Christ, et qui sont à présent, ont été et sont des déserteurs de la religion juive, puisqu’il n’ont point voulu reconnaître le Messie, ce qui faisait pourtant le point capital de leur religion. » (Finis Legis Christus X, 4) Ainsi, fatal aveuglement des modernes qui ont perdu tout sens théologique, il y a bien un lien de cause à effet direct entre la crucifixion et les événements qui suivirent, à savoir : l’arrêt du culte mosaïque, la cessation des sacrifices du Temple, la destruction de Jérusalem, la dispersion et l’exil loin de leur terre des hébreux. Tout cela correspond à la réalisation exacte de ce que le Christ avait solennellement prophétisé aux juifs : « Viendront des jours de vengeance… il y aura une grande contrainte, une grande colère sur la terre pour ce peuple… et ils tomberont au fil de l’épée, et ils seront emmenés en captivité dans toutes les nations ». (Luc, XXIII, 20-24). Alors, tout ce que le monde put produire de plus inique et de plus pervers sortit aussi de ce peuple qui se réjouissait du sang du Sauveur et qui clamait : «Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants !» (Matthieu XXVII, 25). Le crime le plus grand de tous les temps, la mort de l’Homme-Dieu, a été perpétré par ce peuple qui mérita pour cela le nom de «perfide ». Où est donc la racine du péché et de toutes les erreurs judaïques ? Dans le fait «qu’une partie de ce peuple» a cru que ses promesses faites aux Juifs à cause du Christ qui devait naître d’eux, furent faites à sa chair, à sa race, à sa généalogie, à sa nation. En d’autres termes, au lieu de s’apercevoir que si le peuple Juif était le peuple de prédilection, il l’était uniquement par le Christ. Eux, dans leur aveuglement, crurent que ce fut le Christ qui eut de quoi Se glorifier de Sa descendance généalogique.
III. L’Eglise est aujourd’hui « l’Israël spirituel » authentique
Rappelons que les bénédictions de l’Eglise, ou de ceux qui la composent, dépassent celles de l’Ancienne Alliance. L’union des croyants avec le Christ par le Saint Esprit, telle qu’elle est décrite notamment dans l’épître aux Éphésiens, est un privilège exclusif des chrétiens. En outre, les croyants de l’époque actuelle sont des étrangers sur la terre ; ils suivent un Sauveur rejeté et méprisé du monde. Le résidu d’Israël qui héritera du royaume millénaire, de même que les gens des nations qui y auront part, n’y seront nullement des étrangers. Sur une terre purifiée par les jugements, ils seront les sujets d’un Christ glorieux dont l’autorité sera reconnue de tous, mais lorsque la Divine Providence le décidera, pas avant ! L’Israël spirituel authentique aujourd’hui c’est, de ce fait, l’Eglise de tous les baptisés. Le peuple hébreu, l’Israël charnel, n’est plus qu’une réalité naturelle désacralisée dont la filiation divine a cessé sachant qu’il n’y rien « qui puisse suggérer l’idée d’une prérogative quelconque d’Israël comme peuple de Dieu depuis l’instauration de la Loi nouvelle. La promesse faite par Dieu au peuple israélite est une alliance temporelle et transitoire, abandonnée au profit de la Nouvelle Alliance. Quand donc saint Paul affirme que les ‘‘dons et l’appel de Dieu sont sans repentance’’ et que ‘‘Dieu n’a pas rejeté son peuple’’, il signifie par là que Juifs et Gentils sont convoqués à l’obéissance de la foi et qu’Israël n’est pas exclu de cet accueil universel puisqu’à la fin des temps il sera réintégré. Or cette réintégration ne s’effectuera pas selon le statut de l’Alliance Ancienne et dans le régime de l’Israël charnel, mais bien sous le sceau de la Nouvelle Alliance et dans la sphère indéfiniment élargie de l’Israël spirituel [cad l’Eglise]. Dieu ne laissera pas protester sa promesse parce que l’Eglise est désormais le peuple de Dieu et qu’Israël lui sera finalement incorporé. » [6]
Aujourd’hui, en attendant le retour du Messie, nous sommes donc historiquement placés dans le temps de l’Eglise, le temps du « Nouvel Israël », le ‘‘Verus Israël’’ [C’est saint Justin martyr (IIe s.) dans le dialogue avec Tryphon, dans lequel il défendait le christianisme contre un interlocuteur juif, qui utilisa pour la première fois l’expression à propos de l’Église : « véritable Israël » (cf. §135) ], qui correspond au temps de la grâce, temps qui succède à la Loi et au culte mosaïque, période caractéristique qui a commencé lors de la venue du Christ et qui n’est pas encore terminée tant que le Messie n’est pas de nouveau revenu en Gloire. C’est la période durant laquelle le peuple d’Israël est placé, sur le plan de l’Histoire Sainte dont le déroulement se poursuit, dans la sujétion des nations et dans la dépendance spirituelle des promesses faites à l’Eglise. Le Seigneur indique d’ailleurs que Jérusalem sera « foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accompli s» (Luc 21, 24). Ces temps, ces temps historiques à l’intérieur desquels le peuple juif possède une importance exceptionnelle puisque c’est un peuple qui accompagne l’humanité dans tout le déroulement de l’Histoire, ces temps ont commencé au moment où, dans son gouvernement envers Israël, Dieu dut livrer son peuple entre les mains des nations. Le Temple fut détruit, de même que la muraille de Jérusalem, la ville brûlée, ses trésors emportés, et le peuple qui avait échappé à l’épée emmené en captivité. La sentence «Lo-Ammi», c’est-à-dire « pas mon peuple», annoncée par le Prophète Osée, entra ainsi en vigueur d’une façon redoutable. La pénible et éprouvante réprobation d’Israël se voit ainsi, certes mystérieusement mais aussi formellement, permise jusqu’à ce qu’Israël accepte le Messie et rejoigne l’Eglise, ceci correspondant exactement à ce que saint Paul dit nettement : « … alors tout Israël sera sauvé. » (Romains, XI, 25).
« Alors la Bête et le Faux Prophète seront pris et jetés vifs dans l’étang de feu et de souffre,
et Satan sera lié dans l’abîme pour mille ans. »
(Apocalypse XIX, 19-21 ; XX, 1-3)
Il y aura donc une fin à la réprobation et aux temps des nations qui se termineront, non pas à la faveur d’une décision volontaire bassement profane, nationaliste et antireligieuse du peuple Juif décidant de retourner en Terre Sainte en s’y imposant brutalement par la force des armes et la terreur en piétinant le plan que Dieu a forgé pour le peuple élu qui doit lui aussi, selon l’eschatologie de l’Histoire Sainte, trouver sa place dans le Royaume, mais seulement lorsque le résidu juif fidèle, reconstitué à travers les terribles jugements apocalyptiques, entrera dans la bénédiction du Millénium. En effet, si la structure et la dynamique des nations et de la vie profane tombent sous la coupe du «Prince de ce monde» parce que ce dernier a acquis sur elles possession l’homme ayant cédé à sa suggestion, sur le terrain de l’Histoire Sainte il faut impérativement que soient mises en œuvre des forces spécifiquement saintes. Israël sera alors de nouveau reconnu comme étant le peuple de l’Éternel. « Je dirai à Lo-Ammi : Tu es mon peuple, et il me dira : Mon Dieu» ( Osée 1,9 ; 2:23). Les prophètes de l’Ancien Testament nous parlaient déjà du résidu d’Israël qui jouera un rôle de premier plan aux derniers jours. Ce sont les réchappés de l’épée (Esaïe 4:2 ; 10:20 ; Jérémie 31:2 ; Joël 2:32). Dans une période où la grande masse d’Israël se détournera de Dieu et sera l’objet de son jugement, ce sont ceux dont Dieu aura touché le coeur et qu’il aura amenés à la repentance. Dieu les reconnaîtra comme étant son peuple, et après les tribulations, ils entreront dans les bénédictions du Millénium ainsi que l’explique l’Ecriture.
IV. La religion chrétienne seule nécessaire au Salut
Or, alors que nous possédons de telles déclarations positives de la part de Dieu dans l’Ecriture, déclarations commentées et confirmées par l’ensemble des Pères et docteurs de l’Eglise, et comme le soutenait Léon Bloy, dans un instant de lucidité au milieu de ses visions gnostiques inspirées par un philosémitisme désorienté qui fit tant de dégâts contagieux dans le catholicisme post-conciliaire [7], comment est-il possible de se prétendre respectueux de Dieu lorsqu’on ignore, ou, plus grave encore, méprise sa Parole, en n’établissant son jugement et ses opinions que sur l’immédiate visibilité des faits, alors que l’unique, la seule authentique et véritable fidélité, se mesure uniquement au strict respect des plans de Dieu sur l’Histoire : « C’est à détraquer l’entendement, à suggérer le dégoût de vivre, de penser qu’un homme peut se dire admirateur du Salut par les Juifs et croire, en même temps, qu’il y a des choses plus importantes que d’obéir aux commandements de Dieu » (1899, Dix-sept mois en Danemark.).
« Ce n’est pas en vain que l’Eglise universelle
a établi par le monde la récitation de la prière pour les juifs
obstinément incrédules, pour que Dieu lève le voile qui couvre leur cœur,
et les amène de leur obscurité à la lumière de la Vérité. »
(Saint Bernard, Lettre 365)
Retenons que la venue du Christ a abrogé la Loi mosaïque en ce que celle-ci avait de propre au peuple Juif, L’épître aux Hébreux ayant été écrite pour montrer aux Juifs que tout le système de la Loi — en particulier la sacrificature et les sacrifices — était mis de côté. Il s’agissait «d’ordonnances charnelles imposées jusqu’au temps du redressement» (Hébreux 9, 10). Mais le Christ étant venu, nous avons en lui le seul sacrifice capable d’ôter les péchés (Hébreux 10, 12-14), et le sacrificateur parfait qui «nous convenait» (7:25, 26). Ainsi comme le précise saint Paul : « Il y a abrogation et caducité de la religion qui a précédé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité car a loi n’a rien amené à la perfection» ( Hébreux 7, 18-9). La religion chrétienne est ainsi devenue la seule religion nécessaire au Salut de tous les hommes, qu’ils soient Juifs ou païens, et ce jusqu’à la fin des siècles puisqu’elle n’a plus à recevoir de développement dans la mesure où Jésus-Christ nous l’a donnée aussi parfaite que Dieu la voulait pour la Rédemption générale du genre humain, ce que tiendra à souligner fermement le cardinal Jean Daniélou (1905-1974), précisément au moment où les théologiens de Vatican II proféraient des absurdités :
– « … une théologie discutable [parle] du rôle actuel du peuple juif dans l’histoire du salut. [Elle] affirme en particulier qu’on ne peut pas dire que “le peuple juif a été dépouillé de son élection”… C’est également tout confondre que d’écrire que “la première Alliance n’a pas été rendue caduque par la Nouvelle”. Que signifient alors les termes d’Ancienne et de Nouvelle Alliance, d’Ancien et de Nouveau Testament?… Parler de la Nouvelle Alliance, c’est dire que l’Ancienne est dépassée. Dire que l’Ancienne Alliance n’est pas caduque, parce qu’elle est “la racine, la source, le fondement, la promesse”, c’est jouer sur les mots. Car c’est précisément parce qu’elle est la promesse qu’elle implique l’accomplissement. Cela nous devons le dire clairement et loyalement, comme l’ont dit les premiers apôtres, comme l’a dit toute l’Église.» (Cardinal Jean Daniélou, « L’Église devant le judaïsme », Le Figaro, 28-29 avril 1973, in La Documentation Catholique, LXX, Paris, 1973, pp. 620-621.)
Conclusion : l’Eglise est le « Verus Israël »
C’est pourquoi, on est légitimement fondé à pouvoir affirmer que le peuple Juif s’est vu retiré sa fonction eschatologique et messianique par son refus d’accueillir le Messie qu’il livra aux Romains pour qu’il soit crucifié. Le seul Israël véritable qui subsiste c’est donc l’Eglise : « L’Eglise se relie à l’Ancienne Alliance, à laquelle elle se substitue – l’Eglise est le nouvel Israël, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué. » (Bossuet, Discours sur l’Histoire universelle, O. C., t. IV.) Ecoutons d’ailleurs avec respect en guise de conclusion, à propos du mystère de substitution de l’héritage d’Israël à l’Eglise, l’admirable témoignage, si empli d’une impressionnante vérité, d’un Juif qui reconnut le Christ comme le Messie et demanda le baptême afin d’entrer dans le sein de la Sainte Eglise [8] :
– « Nous avons condamné notre Roi et notre Dieu. Cette condamnation était la nôtre. Sur le Calvaire expire le Messie (…) le Roi des Juifs. Le crime inexpiable est consommé. La malédiction divine est sur nous. Nous ne sommes plus l’Israël de Dieu, la race élue. Nous ne comprenons plus nos patriarches et nos prophètes. Un voile devant nos yeux, sur notre esprit, sur notre cœur, une voile de sang : le Sang du Juste. Ce sang qui cimente les fondements de l’Eglise et par lequel la gentilité devient l’héritière des promesses d’Abraham, l’Israël véritable, retombe sur nous, malheureux, en gouttes accablantes, torturantes, vangeresses. Mais loin de nous repentir, nous nous enfonçons dans notre crime chaque siècle davantage, nous nous y obstinons, nous l’aggravons, nous le surchargeons de haines, de toujours plus de haines, d’inextinguibles haines. Contre l’Eglise et son Christ, avec les ennemis du Christ, chaque âge nous retrouve. (…) Nous pouvons gémir avec notre prophète Esaïe : ‘‘Nous attendions la lumière et nous voilà dans les ténèbres’’. (…) C’est pourquoi le Seigneur s’est éloigné de toi, faux Israël ! Il a renversé ton Temple, ta ville, ton sacerdoce. Il a fait Alliance avec un peuple fidèle à la Tradition, le peuple chrétien qui, reconnaissant le Messie dans Jésus fils de David, est devenu le vrai peuple d’Abraham, l’héritier des promesses divines ! Jérusalem est dans l’Eglise, Lévi dans le sacerdoce catholique, Moïse dans Jésus-Christ ! » (P. Loewengard, La Splendeur catholique, du Judaïsme à l’Eglise, Librairie Académique Perrin, 1910, 201-102 ; 243-245.)
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants »
(Matthieu XXVII, 25)
Notes.
[1] On peut aisément parler d’une infecte déviance au parclétisme luciférien chez Léon Bloy qui, recevant son secret, comme il l’avoue dans sa correspondance avec Ernest Hello en 1880, d’Anne-Marie Roulé la Véronique du « Désespéré », était parfaitement conscient de ce que ses positions aventureuses pouvaient avoir d’inacceptable sur le plan théologique. Ainsi, dans le Mendiant Ingrat il écrit, parlant des dernières pages du Salut par les Juifs : « J’ai trouvé ma conclusion. Je vais donc enfin pouvoir m’évader de cette brochure qui me tient captif depuis plus de deux grands mois. Je suppose que, désormais, il n’y a plus pour moi d’amis espérables dans ce qu’on appelle le monde catholique. » (Le Mendiant Ingrat, 31 août 1892). L’idée de Bloy consiste à attribuer à Satan le Prince des ténèbres, ce qui pourtant n’appartient qu’à Dieu en substituant à la figure du Saint Esprit sa conception d’un Satan/Paraclet, sachant tout de même que Satan n’est qu’un ange, certes primitivement le plus élevé et le plus haut des Anges, mais reste bien une créature et non l’une des Trois Personnes de la Sainte Trinité. Cette conception, profondément hérétique et blasphématrice sur le plan théologique, soutien en fait qu’il existerait un conflit au sein de la vie trinitaire intra-divine et laisse supposer, outre une identification substantielle entre le Paraclet et Satan, une éventuelle désobéissance de l’Esprit-Saint à l’image de la lutte entre Caïn et Abel ou de la parabole de l’enfant prodigue et de bien d’autres encore [« J’aurais pu tout aussi bien rappeler l’histoire d’Isaac et d’Ismaël, de Jacob et d’Esaü, de Moïse et du Pharaon, de Saül et de David… où la Compétition mystique des Aînés et du Puîné, décisivement et sacramentellement promulguée sur le Golgotha, fut notifiée, tout le long des âges, dans le monde prophétique. » (Le Salut par les Juifs)], qui nous exposerait, indirectement, le possible retour en grâce auprès de Dieu à la fin des temps de Satan. Bloy chercha ensuite à justifier sa folle position luciférienne, en particulier auprès de Paul Jury s.j., en prétendant qu’il n’avait fait que s’appuyer sur la prière liturgique du Samedi Saint. Mais en vain car, comme l’explique fort bien l’Eglise, « l’Astre du matin » qui n’a point de couchant et qui, en quittant les enfers a répandu sur le genre humain une lumière bienfaisante » (Chanoine Harmignie, Missel Bénédictin, Prière du Samedi Saint, 1943), cette « Lumière bienfaisante » c’est, comme tout le monde le sait parfaitement et sans aucune ambiguïté lorsqu’on récite cette prière, le Christ, Lui la Vraie Lumière. Il faut donc être puissamment troublé et soumis à une quasi « infection spirituelle » pour commettre une telle transposition si gravissime sur le plan doctrinal et pneumatologique qui ramène celui qui la soutient au rang abominable des gnostiques Mandéens, adorateurs de Lucifer-Satan, aux positions des Sabéens et des Yésidis, aux conceptions des Messaliens ou Euchites. Ainsi donc, toute l’œuvre de Léon Bloy qui présente sous les traits d’une exégèse symbolique de l’Histoire les figures du Paraclet luciférien cherchant à s’incarner (Christophe Colomb, Naundorff, Napoléon, Jeanne d’Arc, Les Juifs etc.), et en particulier sa réflexion sur la question juive traduite dans le Salut par les Juifs [« le seul livre du XIXe siècle où il soit parlé de la Troisième Personne » (Mon Journal, 17 mai 1899)], participe d’une abominable position authentiquement hérétique qui n’est pas sans rejoindre certains courants manichéens combattus par saint Athanase qui prétendaient que l’Esprit Saint était un ange, ou de l’ésotérisme judaïque soutenant que c’est en s’enfonçant dans l’abjection la plus radicale que l’on s’ouvre au Salut, attitude défendue par Nathan de Gaza au XVIIe siècle, disciple du faux Messie Sabbataï Tsevi qui ira jusqu’à se convertir à l’Islam. (Cf. G. Scholem, Les grands courants de la mystique juive, 1960 ; Du Frankisme au Jacobinisme, 1979.)
[2] Le Judaïsme rabbinique synagogal actuel qui s’est peu à peu imposé, dirigé par les Pharisiens , est une trahison considérable du Judaïsme originel. Ce Judaïsme rabbinique s’est autorisé très tôt à transgresser l’interdit de consigner la Torah Orale, constituant un corpus de règles établies par une tradition hétérogène, depuis le Talmud jusqu’à aujourd’hui (Halakha), Torah orale qui sera incluse dans la Mishna, sur laquelle s’élabora ensuite la Tossefta, puis la Guemara. Il importe de comprendre que le Judaïsme biblique du premier Temple était centré uniquement sur les prêtres, c’était un judaïsme sacrificiel placé sous l’autorité exclusive des prêtres (cohanims). D’ailleurs les livres du Pentateuque, qui s’élaborent à cette période, ne font à aucun moment allusion aux rabbins. Même après le retour d’exil de Babylone et l’édification du second Temple, alors que de profondes modifications s’étaient pourtant produites au sein du judaïsme, les rabbins ou Pharisiens n’occupent encore qu’une place très marginale puisque la vie religieuse est encore largement centrée su les sacrifices et les prêtres. Or, en 70 après Jésus-Christ, les Romains détruisant le temple de Jérusalem, éliminent de fait les prêtres et les Sadducéens. Les rabbins, c’est-à-dire les Pharisiens restent les seuls représentants de l’autorité religieuse juive, et c’est leur vision du judaïsme qui va s’imposer définitivement en modifiant profondément le judaïsme mosaïque. Il ne faut pas oublier que les rabbins ou Pharisiens, ne sont pas des prêtres dont il se différencient grandement, ce sont uniquement des érudits, des spécialistes de la loi religieuse, en particulier de la « loi orale » dans laquelle vont être introduits des commandements (mitzvot) tout à fait nouveaux, non inclus dans la Torah écrite (c’est-à-dire la Bible et surtout le Pentateuque), commandements qui, bien qu’étrangers aux enseignement traditionnel du judaïsme mosaïque, finiront par prendre une valeur normative. C’est pourquoi, certains courants du judaïsme rejetteront la Torah orale la regardant comme une pure innovation pharisaïque, les prêtres en particulier qui en contesteront toute valeur, ne la considérant que comme un ensemble de traditions dénuées d’authenticité spirituelle (position qui ressurgira particulièrement au VIIIe siècle au sein du judaïsme karaïte bien plus fidèle au mosaïsme primitif).
Ainsi, les Juifs, incrédules envers la divinité du Christ, constitueront après la chute de Jérusalem un judaïsme talmudique, rabbinique et pharisaïque qui, plus qu’une religion proprement dite, sera en fait une lignée extrêmement hostile au christianisme comportant des thèses, dont les « interprétations tournoyantes du texte Saint » (sic !) se traduisent surtout par une extraordinaire violence comme on peut en juger : « Tous les chrétiens doivent être tués sans en excepter les meilleurs » [Zohar I, 219 b] ; «Le meilleur parmi les Goïm mérite d’être mis à mort» [Abhodah Zarah 26 b Tosephoth] ; « Efface la vie du chrétien et tue-le. C’est agréable à la Majesté Divine comme celui qui offre un don d’encens» [Sepher Or Israël, 177 b], violence qui se fera même horriblement blasphématoire et insultante envers le Christ : « Fils illégitime, conçu pendant les règles de sa mère » [Kallah, 1b. (18b)] ; « Mort comme une bête et enterré dans un tas de fiente » [Zohar III, (282)] ; « Le fils de Pandira, un soldat romain » [Abhodah Zarah II] ; « A la veille de la Pâque a été pendu. Quarante jours avant cela cette proclamation a été faite : Jésus doit être lapidé à mort parce qu’il a pratiqué la sorcellerie » [Sanhedrin 43a] ; « Jésus est dans l’enfer, bouillant dans des “excréments chauds” » [Gittin 57a] , et la Vierge Marie, dont le caractère immonde et l’abjecte grossièreté haineuse , nous invitent à ne pas y insister d’avantage. (Cf. Mgr Justin Bonaventure Pranaitis, théologien professeur d’hébreu à l’Académie Impériale de Saint-Pétersbourg, «Christianus in Talmude Judaeorum, sive rabbinicae doctrinae de christianis secreta», 1892]. Les exégètes distinguent donc nettement le judaïsme Antique, du Temple, c’est-à-dire biblique, du nouveau, Talmudique qui contient des traditions qui ont été confiées à un corps de soixante dix savants, le Sanhédrin. Le religieux s’y mêlera de façon hétéroclite au profane, surtout depuis que les juifs furent emmenés captifs à Babylone (586 Av. J.C.). L’autorité des rabbins se substituera alors à celle de Moïse et des prophètes, constituant en fait peu à peu un judaïsme nettement anti-biblique. « Dans son Pugio fidei, « Le poignard de la foi », le dominicain Raymond Marti avait concédé dès le xiiie siècle – élément que signalera par souci de pédagogie Pascal dans la perspective apologétique des Pensées : « Les juifs le refusent, mais non pas tous : les saints le reçoivent, et non les charnels. Comme la raison qu’ils en ont, et la seule qui se trouve dans tous les écrits, dans le Talmud et dans les Rabbins, n’est que parce que Jésus-Christ n’a pas dompté les nations en main armée Ps.44:3. » [ Section XII , Preuves de Jésus-Christ – 760 ] – et Bossuet, d’ailleurs exactement dans le même sens et pour le même but apologétique afin de montrer que les Juifs en refusant le Messie sont devenus infidèles à Dieu : « Peu s’en fallut qu’ils ne renonçassent à l’espérance de leur Messie qui leur manquait dans le temps, et plusieurs suivirent un fameux rabbin dont les paroles se trouvent encore conservées dans le Talmud. » [ Discours sur l’ Histoire universelle, II, 10]), que le Talmud, soit l’ensemble dit du Talmud de Jérusalem synopsis de l’analyse de la Mishna et le Talmud de Babylone (Talmud Bavli) incluant la Mishna et la Guemara babylonienne, comprenait « des éléments qui justifiaient le christianisme » – mais ce n’était que « perles dans un fumier ». [Plus tard] les cabalistes chrétiens distingueront, au xve siècle, deux « strates » dans le Talmud : la plus ancienne, antérieure à la venue du Christ, le Sefer ha Zohar (Talmud vetus), qui recèle « les mystères les plus profonds du christianisme », et qui, à ce titre, peut être objet de débat, et des écrits plus récents, foisonnant de blasphèmes et autres impiétés (les midrashim tardifs). Ainsi, en 1553 le décret pontifical de Jules III entraînait la confiscation et le brûlement « de tous les livres du Talmud », puis en 1733 une interdiction absolue du Talmud fut promulguée, réitérée en 1751 par Benoît XIV. Pie VI, en 1778, déclarera solennellement : ‘‘le Talmud est l’abomination par excellence’’.[Cf. Daniel Vidal, « Les juifs et l’Église romaine à l’époque moderne (xve-xviiie siècles) », Archives de sciences sociales des religions, 142 (2008) ]
[3] Mgr Joseph Lémann (1836- 1915), juif converti au catholicisme, exposa dans un texte extrêmement développé, la responsabilité directe des Juifs dans la mort du Christ : L’Évangile de Jean (VIII, 56) dit “Abraham, votre père (selon la chair), désira voir mon jour (l’Incarnation du Verbe), il l’a vu (en esprit) et s’en est réjoui (il m’accueillit dans son âme, dans sa foi, tandis que vous non)”. Donc, seul celui qui a la foi d’Abraham dans le Christ, est lié à l’Église du Christ, indépendamment du peuple auquel il appartient; puisque “dans le Christ il n’y a plus ni juif, ni grec”. On est chrétiens, fils dans la foi d’Abraham, que l’on soit juif ou non selon le sang. Les Apôtres, la Sainte Vierge, les premiers convertis comme homme, étaient juifs de sang et chrétiens de foi ; vrais fils d’Abraham selon l’un et surtout l’autre. Eugenio Zolli par exemple ( Cf. C. Nitoglia, De la Synagogue à l’Église. Les conversions d’Edgardo Mortara, Giuseppe Stanislao Coen et Eugenio Zolli, CLS, Verrua Savoia, 1997) était juif de race, mais devint chrétien de foi, et c’est alors seulement qu’il fut vrai fils d’Abraham. Or la descendance charnelle juive, qu’on la nomme la lignée, la race ou le peuple d’Abraham, n’ayant pas accepté le Christ comme Dieu et Messie, n’a certes pas de lien religieux avec l’Église chrétienne car elle n’en partage pas la foi dans la divinité du Christ, mais, de plus, s’est concrètement retranchée de la lignée spirituelle d’Abraham. Ce n’est plus la lignée qui compte aujourd’hui sur le plan spirituel, ce serait du racisme et l’Église le rejette, mais la foi dans la divinité de Jésus.
[4] A son début, l’assemblée chrétienne n’était composée que de juifs croyants. Or l’Écriture les considère comme constituant le « résidu juif » à ce moment-là. Plus tard, des croyants d’entre les nations ont été amenés à la foi, de sorte que le résidu juif s’est fondu dans l’Église. En Actes 2, l’apôtre Pierre termine sa première prédication en invitant les juifs qui l’écoutaient à se repentir et à être « baptisés au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés» (v. 38). Ils recevraient alors «le don du Saint Esprit», car, ajoute-t-il, « à vous est la promesse et à vos enfants » (allusion aux promesses faites à Israël), « et à tous ceux qui sont loin » (allusion aux nations qui devaient participer aux bénédictions d’Israël). Pierre continue en leur disant : « Sauvez-vous de cette génération perverse » (v. 40). Le jugement divin était donc suspendu sur la nation juive ; et il s’est malheureusement exécuté par la destruction de Jérusalem en l’an 70. Les Juifs qui avaient reçu Jésus devaient se séparer de la nation juive coupable du meurtre du Christ, se désolidariser d’avec un peuple déicide, et le montrer en étant baptisés au Nom du Christ. Ils appartiendraient maintenant à une autre sphère, celle de l’Eglise. À la fin du chapitre 2 des Actes des Apôtres, nous lisons : « Et le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés » (v. 47). Comme nous l’indique ce verset, ceux qui sont ajoutés à l’assemblée chrétienne, sont «les épargnés», c’est-à-dire ceux que Dieu épargne au moment où la nation juive apostate était jugée.
[5] L’Alliance Ancienne devait être dépassée et avait vocation à l’achèvement : «Voici, des jours viennent, dit l’Éternel, et j’établirai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une nouvelle alliance, non selon l’alliance que je fis avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte, mon alliance qu’ils ont rompue, quoique je les eusse épousés…» (Jérémie 31, 31-34). Ce passage capital, cité in extenso dans l’épître aux Hébreux au chapitre 8, et commenté au chapitre suivant, met l’accent sur le fait que la Nouvelle Alliance est établie sur une tout autre base que l’Ancienne. D’abord, c’est une Alliance à un seul contractant, comme celle que Dieu avait faite avec Abraham. Mais elle va plus loin. Elle est fondée sur l’oeuvre de Dieu lui-même dans les coeurs : « Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, et je l’écrirai sur leur coeur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple» (v. 33). Le prophète Ézéchiel, à peu près contemporain de Jérémie, parla lui aussi de la Nouvelle Alliance : « Je ferai avec eux une alliance de paix ; ce sera, avec eux, une alliance éternelle» ( Ezéchiel 37, 26). Dans cette partie de son livre, il annonce, effectivement, le retour d’Israël dans sa terre (34, 13), son rétablissement comme peuple de Dieu (34, 30), l’oeuvre de Dieu dans les cœurs. Mais il convient de bien comprendre que ceci n’adviendra que lorsque les hébreux auront reconnu le Christ qui, ôtant leur « coeur de pierre», leur donnera un « coeur de chair» (36, 26). Ezéchiel annonce donc, par la conversion des Juifs, le règne du Messie à venir (34, 23 ; 37, 24). Certes le sanctuaire de l’Éternel sera de nouveau au milieu d’Israël et cela pour toujours (37, 26), mais ces passages montrent clairement que les promesses annoncées par les prophètes ne se réaliseront que lorsque le peuple élu sera devenu chrétien, pas avant.
[6] M. De Corte, Jacques Maritain et la ‘‘question juive’’, in Revue Catholique des idées et des faits, 17 mars 1939. Dans ce texte fort intéressant, qui est une réponse argumentée à l’ouvrage de Jacques Maritain : L’Impossible antisémitisme, in Question de conscience et le Mystère d’Israël, DDB, 1938, réédition : « L’Impossible antisémitisme » DDB, 1994, Marcel De Corte poursuit ainsi sa critique des positions illogiques de Maritain : « […] Il semble donc bien aventureux de considérer avec M. Maritain ‘‘Israël comme peuple toujours choisi’’ et d’user, avec lui, d’expressions aussi ambiguës que ‘‘corps mystique’’ ou ‘‘vocation surnaturelle’’ de la judaïcité… Tout ce que les textes pauliniens nous enseignent, c’est le caractère en quelque sorte sacré de la réprobation qui enveloppe Israël comme totalité jusqu’à la fin des temps. Il est évident que ce caractère n’est surnaturel que dans un sens tout à fait négatif. » Georges Bernanos de son côté, ne se pas privera pas de déplorer : « les rêveries femmelines sur les Juifs de J. Maritain ». (G. Bernanos, Nous autres Français, Gallimard, 1939, p. 68), même si sans doute, ce fut Rebatet qui réagira le plus violemment aux thèses de Maritain : « Nous […] qui en sommes restés à Bossuet et de Maistre, nous cherchons sous ce spiritualisme frénétique la cause vulgaire, platement humaine, et nous la trouvons bientôt. M. Jacques Maritain est marié à une Juive. Il a enjuivé sa vie et sa doctrine. Sa théologie, sa dialectique sont falsifiées […] l’influence de Maritain est considérable, elle s’étend, sournoise mais spécifique, à tous les catholiques-traîtres, aux furieux de la charité, à ces petits cénacles d’ergoteurs, ces revues et ces journaux sans tirages, etc. Voici donc la confusion acceptée, réclamée entre le catholicisme romain, avec sa doctrine fixée, complète, et son pire ennemi, le messianisme vagabond, anarchique…. » (L. Rebatet, Je suis Partout, n°384, 1er avril 1938.)
[7] Notons cependant, comme le souligne fort justement M. L’abbé Curzio Nitoglia [Cf. Christianisme et judaïsme, ‘‘L’Ancienne Alliance jamais révoquée’’, Sodalitium, n° 58, Ann. XXII, n2, fev. 2006, pp. 5-25], que la figure qui se détache le plus nettement des cénacles philo-judaïques catholiques d’avant Vatican II, même si elle est peu connue, est surtout celle de Stanislas Fumet (1896-1983), qui vécut jusqu’au pontificat de Jean-Paul II. Stanislas Fumet, qui se disait « l’ami ardent d’Israël », fut à l’origine, en 1925 de « l’union des Amis d’Israël » Association judéo-chrétienne qui se verra fermement condamnée par le Saint-Office en 1928. On trouvait dans cette structure qui avait fait sienne les vues délirantes de Léon Bloy sur la fonction co-rédemptrice des Juifs [« La Race d’où la Rédemption est sortie… porte visiblement les péchés du Monde…[et] ne fut conservée dans la plus parfaite ignominie que parce qu’elle est invinciblement la race d’Israël, c’est-à-dire du Saint-Esprit, dont l’exode sera le prodige de l’Abjection. » (Le Mendiant Ingrat, 12 juin 1892) ; « Les Juifs ne se convertiront que lorsque Jésus sera descendu de sa Croix, Et précisément Jésus ne peut en descendre que lorsque les Juifs se seront convertis. » (Le Salut par les Juifs, IX)], Franceska Van Leer, juive hollandaise faiblement convertie qui, rapidement retourna au marxisme révolutionnaire de Rosa Luxembourg, d’où elle provenait. De façon quasi conciliaire, Stanislas Fumet, dès 1925, c’est-à-dire bien avant de la Shoah et la nouvelle religion qui s’en suivit faisant de l’holocauste un nouveau paradigme théologique, parlait déjà de nos “frères aînés” à propos des juifs, expression employée par Adam Mickiewicz (1798-1885) en 1842, ami de Andrea Towianski (1799-1878). Cette expression sera intégralement reprise par Jean-Paul II en 1986, lorsqu’il exaltera dans un discours comme son maître, en 1978, précisément ce même Adam Mickiewicz. Signalons, dans le même registre de judéolâtrie mystique, un autre grand admirateur de Léon Bloy et Jacques Maritain, Jerzy Turowicz (1912-1999), ami personnel de Karol Wojtyla qui, en 1968, l’invita à exprimer une série de mea culpa à l’égard du judaïsme de la part de l’Église romaine dans une synagogue de Cracovie, où Wojtyla était archevêque. Les Turowicz étaient des juifs frankistes (comme Mickiewicz) qui se convertirent extérieurement au christianisme, tout en restant intérieurement juifs, en 1760, sur ordre du marrane Jacob Frank. Pour revenir à Stanislas Fumet, on remarquera surtout, comment Fumet mettait sur le même plan et remplaçait allègrement Jésus par Israël, selon les thèses cabalistiques d’Isaac Luria, parlant explicitement de sang et de race à propos de la sainte eucharistie : «Lorsqu’un chrétien communie, il devient de la race d’Israël, puisqu’il reçoit le sang très pur d’Israël dans ses veines… Toutes les nations doivent être bénies dans cette race… Chrétiens et Juifs sont de la même race…» (S. Fumet, Histoire de Dieu dans ma vie, Cerf, 2002, pp. 297-298.) On comprend beaucoup mieux où peuvent conduire les folies doctrinales de ce philo-judaïsme catholique outré, et pourquoi dès 1928, le Saint Office condamna avec sévérité « l’Union des amis d’Israël ».
[8] C’est Mgr Joseph Lémann, le célèbre prélat déjà évoqué (infra. [3] ) qui étonna par sa conversion qui le fit passer du judaïsme au catholicisme qui, parrain et officiant, baptisa Paul Loewengard sous le nom de Marie-Paul-Joseph le 8 décembre 1908 dans sa chapelle épiscopale. Lors du sermon qui suivit la cérémonie, Mgr Joseph Lémann eut ces belles paroles à l’intention du nouveau baptisé : «Mon Fils, vous n’oublierez pas dans vos prières le pauvre peuple d’Israël. Priez, priez bien, priez ardemment pour les restes d’Israël. Hélas ! le déicide est sur eux ! Mais saint Paul s’annonce et avec lui tous les prophètes : Dieu réserve au peuple d’Israël de sublimes destinées. Le peuple qui tua son Dieu, un jour doit se frapper la poitrine et crier : Pitié ! pitié ! mon Seigneur et mon Dieu ! ‘’Vous ne me reverrez plus, a dit le bon Maître aux Juifs, jusqu’à l’heure où vous me direz : Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur !’’ Ah ! qu’elle vienne, qu’elle vienne bientôt cette heure, mon cher Fils ! Vous serez de ceux qui la hâteront. Ce talent que Dieu vous a donné, vous le mettrez au service de la Sainte Eglise pour la conversion d’Israël. » (Du Judaïsme à l’Eglise, op. cit., ch. XXIV, pp. 276-277.)
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